Quelques jours après le départ de Gilles, alors que tout le monde dormait sauf moi, j’ai entendu des pas dans le couloir qui mène aux chambres. Cela m’a rappelé le bruit des pas de mon frère lorsqu’il avait ses santiagues. Je précise que j’étais bien éveillée et que je les ai bien entendus.
Les jours passaient et mon chagrin ne faisait qu’augmenter. Je passais le plus clair de mon temps dans mon lit et c’est là qu’un après-midi, en me retournant, j’ai vu dans l’encadrement de la porte de ma chambre, ma grand-mère, décédée depuis vingt ans, elle se tenait là et me regardait. Morte à 83 ans, elle paraissait en avoir 40, belle, bien coiffée, mais ce regard, il disait « tu vas continuer encore longtemps comme ça ? ». Là encore j’étais éveillée. Ce regard m’a marqué d’autant qu’avant ce jour je n’avais pas eu le privilège de la voir ne serait-ce que dans mes rêves. Je ne savait pas qu’une telle chose pouvait arriver.
J’ai passé les mois suivant complètement absente de cette vie, lorsque j’étais seule je hurlais le nom de mon frère. Je ne voulais plus vivre. Je ne voulais pas avancer dans le temps. Un matin, je me suis réveillée, affolée, j’avais rêvé de Gilles. Il lui arrivait d’avoir des coups de colère assez impressionnant et c’est ce qui s’était passé. Je ne me rappelle pas ce qu’il m’a dit mais j’ai cru comprendre qu’il ne voulait plus me voir pleurer et que je devais reprendre ma vie et ma famille en main. Si il me voit, si il m’entend, il sait qu’une partie de moi est morte avec lui.
[Christ R. – le 12-11-02]
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