» Le Testament de Judas, par Daniel Easterman « 

« Le Testament de Judas, par Daniel Easterman »

Voici un extrait de cet ouvrage; est-ce un roman, est-ce un suspense historique ?

Chapitre 18.

Sur une table à part près du mur se trouvait une petite collection de manuscrits. Iosif se pencha et en prit un. Il le déroula soigneusement sur un coin de table libre.

« Il n’est pas difficile à déchiffrer, l’écriture est lisible. »

Jack éclaira le parchemin. L’écriture, araméenne, semblait à première vue dater du 1er siècle. L’encre, d’un noir foncé, était effacée par endroits; mais, comme l’avait dit Iosif, l’ensemble demeurait lisible.

Ni le grondement des eaux déchaînées, ni les flammes des feux les plus ardents ne me détourneront de mon Alliance avec Toi, ô mon Dieu, ni de ma foi en les Fils de la Lumière.

« Ça me rappelle quelque chose, dit Jack…
– Impossible, rétorqua Iosif, Crois-moi, j’ai cherché. Mais peut-être as-tu déjà entendu parler de Fils de la Lumière ?
– Qumrän.
– Oui, Qumrän. Il y en a d’autres comme celui-ci. Beaucoup d’autres.
– Tu insinues que ce serait un texte de Qumrän ? Ou, pour le moins, un texte essénien ?
– Lis, ne pose pas autant de questions. »

Je suis au milieu de mes ennemis, et cependant je vis dans une ville fortifiée, car tu es, Toi, ô mon Dieu, mes murs et ma forteresse. J’habite de sauvages contrées, et cependant dans mon jardin coulent des eaux qui m’abreuvent, car tu es, Toi, ô mon dieu, mon fleuve et mes cyprès, mes pins et mes cèdres.

« Regarde cette ligne : on dirait que c’est une lettre.
À son Excellence le Grand-Prêtre, le Nasri, seigneur du Sanhédrin, Joseph, puisse Dieu le guider et le faire entrer dans la Loi.
– Joseph ?
– Joseph Caiaphas. Il fut grand-prêtre pendant une très longue période, entre 18 et 36 après Jésus-Christ.
– On sait donc de quand date cette lettre.
– Tu vas voir. »

Jack regarda Iosif, Que se passait-il ? Qu’est-ce qui l’inquiétait ?

Le prophète a dit : « Le prêtre et le prophète ont erré hors du droit chemin. »

Ta lettre m’est parvenue aujourd’hui. Ton cousin Simon, le frère de mon épouse, toujours bienvenu en ma maison me l’a remise. C’est un homme juste. Demain, il partira une fois encore pour Jérusalem, comme le lui a ordonné le procurateur .

Jack hésita,

« Je ne suis plus sûr du nom. Valerius, peut-être ?
– Valerius Gratus, approuva Iosif.
– On connaît ses dates ?
– De 16 à 26 de notre ère. Ponce Pilate lui a succédé.
– C’est de plus en plus précis, Iosif, Si ce texte est essénien, il est à peu près unique. Aucun texte du Qumräm ne comporte de nom ou de date.
– En effet. Mais, comme tu le vois, ce n’est pas un document interne. C’est une lettre adressée à Joseph Calphas, à lui remettre par l’intermédiaire de son cousin Simon. L’auteur tient à se faire comprendre, c’est essentiel pour lui. Continue… »

Nous avons prié ensembles pendant plus d’une heure, et demandé au Seigneur de nous guider. Car nous vivons en des jours de peur. La venue du Messie est annoncée, et la Ville sainte et son peuple ont un cruel besoin de sagesse et de vérité. Beaucoup m’écartent de la Loi, et l’on peut craindre que la main du Seigneur ne s’abatte lourdement sur eux, et cause leur destruction, comme Elle a réduit en cendres les génération précédentes. Ne crains pas, cousin Caiaphas, car, si tu honores Son Alliance comme Elle est honorée par les Nozrim, le Seigneur sera avec toi. « Les Nozrim ?
– Il parle des Nozrim ha-Brit, les gardiens de l’Alliance. On appelait ainsi les Esséniens, ne t’en souviens-tu pas ?
– Si bien sûr ! »

Tu me demandes dans ta lettre de tout nous dire de moi, et de t’expliquer comment j’en suis venu à me considérer comme le Maître de Justice.

Jack interrompit sa lecture.

Alors mes grands amis en Ésotérisme, doit-on considérer ce document comme roman ? Comme suspense ? L’auteur a nécessairement vécu certaines expériences, certaines initiations, pour être capable d’écrire un tel texte. Certains noms sont peut-être des emprunts, Les mises en situation sont peut-être « ésotériques », mais si on se penche comme certains se sont penchés sur la Lettre du Vatican, nous nous devons à nous-mêmes de ne jamais se fermer, de refermer notre ESPRIT, sur les choses (quelques insolites quelles puissent paraître).

« Bon sang, Iosif ! Je comprends ton excitation. C’est une lettre de Moreh ha-Zedek; le chef des Esséniens en personne. Une lettre au grand-prêtre de Jérusalem. »

Iosif ne répondit rien. Jack le trouva pâle. Pourquoi était-il aussi bouleversé par cette lettre ? Elle constituait une découverte fondamentale : à elle seule, elle valait sans doute tout le reste de la collection. Mais Iosif semblait avoir été mordu par un monstre issu des profondeurs.

« Tu connais ma famille. Tu sais que mon oncle Judas a mené la révolte contre les romains lorsque j’étais encore un enfant.
– Judas de Galilés ?
– Je crois.
– À quelle date a-t-il mené une révolte contre les romains ?
– En l’an 6.
– Et le Maître de Justice serait son neveu ?
– On dirait bien. »
– Mon père, le rabbin Joseph, fils de Jacob, était le cousin de ton épouse. Ma mère, Myriam, était également ta parente par alliance.

Jack leva les yeux…

« C’est bizarre, n’est-ce pas ?

Le visage de Iosif lui glaça les sangs. Une terreur subite l’envahit.

« Non, Iosif. Tu ne pas croire ?
– Lis, Jack. Lis. Tu Verras. »
– Tu as toi-même célébré ma naissance et offert des présents pour participer à la félicité de mon père, dont j’étais le premier enfant. Tu lui as toi-même ordonné de m’appeler Yaschu, comme ton frère.

Jack faillit lâcher le précieux manuscrit, dont le poids, soudain lui semblait intolérable.

« Yashu, murmura-t-il. Jésus.
– C’est l’histoire de sa vie, Jack, écrite de sa main. Je l’ai lu, et je t’affirme qu’il n’y a aucun doute possible. Tu tiens dans ta main, mon cher ami, le premier Évangile. L’Évangile authentique. L’unique récit véridique de la vie de Jésus-Christ. Son autobiographie, comme on dirait aujourd’hui. »

[Jean-Samuel G. – le 15-10-99]

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