Je ne prétends pas cautionner un tel acte que celui d’une immolation pour défendre une cause, ni même informer, ce n’est pas mon rôle, sans ça je serais rester à Paris à la télé, à la radio ou dans un journal ou une revue.
Je prétends juste réveiller les consciences, induire une réflexion, je ne parle qu’en mon nom personnel, tout mon site le dit, je relaie les informations que Mélanie m’a demandé de relayer quand elle était témoin de la grève de la faim des Tibétains à Delhi, mais je le fais dans la mesure où je me sens concernée par l’évènement, sans être boudhiste, ni militante de quoi que ce soit, je ne suis qu’une femme qui essaie de trouver du sens à certains actes parce que j’ai en général suffisamment de recul en vivant seule au fond de ma Bretagne et que je sais souvent anticiper des années à l’avance l’évolution des choses.
Même si hier j’étais si angoissée que ma pensée devenait bien confuse, je l’admets. Je savais que je prenais des risques en écrivant ce message, ne serait-ce que celui de passer pour bien délirante moi-même !
Mais sans risque on n’avance jamais. J’ai dit ce que m’évoquait la pensée de cet évènement si absurde, par rapport à une réflexion plus générale sur le devenir de notre monde, où le Tibet doit avoir sa place.
Car ça me parait grave d’occulter la mort de Gilles Blanchard ou de justifier son geste par un passé enfantin difficile ou une pathologie psy. Je crois que c’est ça qui m’a fait réagir. Qu’est-ce qui est la norme ? Qui peut le dire ? Les psychiatres russes ont été les garants d’une norme que nous ne devons pas oublier pour ne jamais la voir revenir.
Je m’interroge sur ce qui peut conduire quelqu’un à se prendre soi-même en otage, dans une civilisation où les enfants voient par jour sur le petit écran des meurtres et agressions par dizaines. Qu’est-ce qui pousse quelqu’un à se détruire dans un acte symbolique terrifiant ?
En quoi le geste de Gilles Blanchard est-il différent fondamentalement de celui de Thupten, du moine boudhiste vietnamien ou de Jan Palach en 68 ? Seraient-ils de bons immolés et Gilles Blanchard non ? Hier je ne voulais pas qu’il soit mort pour rien./p>
Je n’ai pas les réponses, mais à partir de mes questions, mes lectrices et lecteurs continuent la réflexion, ce qui est en soi un facteur de progrès, pour eux comme pour moi.
La fin de solstice a été plus lumineuse : je me sens apaisée depuis que j’ai entendu Jacqueline Tabarly parler face à l’océan. Dans l’hommage à son mari, en évoquant « la Mer Matrice qui l’a accueilli dans la maison du Père », elle a été la Mère universelle qui console, oui elle nous a consolés, remettant chacun à sa vraie place, dans le respect des élèments.
Jacqueline Tabarly a fait entendre un langage empreint de spiritualité, de sa quête personnelle, les femmes seraient-elles seules à oser parler avec leur coeur ? le message est bien passé Que Gilles Blanchard trouve la paix… Kenavo au grand Tabarly !
[Marie-Hélène le Donze. – le 22-06-98]
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