Cela fait quelques mois que je ne vous écris plus mais j’attendais d’avoir assez d’éléments à vous relater.
Depuis quelques temps j’ai l’impression que mon frère est plus souvent avec nous que ce soit chez mes parents ou chez moi.
Un soir, alors que j’étais seule chez moi, lumières allumées je reçois un coup de fil d’un collègue de mon frère. Il venait d’apprendre la nouvelle et bien sur nous avons parlé de lui, de nos souvenirs. Tout à coup je me rends compte que la pièce est plus éclairée mais je n’y prends pas cas, je continue à parler et là la pièce s’assombrit puis retour de la lumière, je penche la tête et je vois que l’entrée est allumée, je continue la conversation tout en épiant et je vois la lumière qui s’éteint qui se rallume; je l’éteins elle se rallume. Durant tout le temps de la conversation cela continue (1h); j’appelle mes parents, ça continue, je raccroche et ça s’arrête.
Quelques temps après, je vais sur la tombe de mon frère avec mon fils 14 ans, nous restons un moment puis nous décidons de rentrer. Mon fils part de suite dans sa chambre et je l’entends qui m’appelle « maman comment ce fait-il que cela sente la cigarette dans ma chambre », effectivement on aurait dit qu’un groupe de personne avait fumé, j’ai donc expliqué à mon fils que son oncle nous faisait savoir qu’il était là.
Les jours passent et la même chose se passe dans ma chambre. Je raconte tout cela à ma mère et elle m’apprend que chez elle aussi il se passe les même événements.
il y a quelques jours ma mère pleurait tout en disant à son fils qu’elle avait besoin de lui, tout à coup toutes les lumières de l’appartement se sont allumées et éteintes et le cadre avec la photo de mon frère est tombé. Elle m’a raconté que tous les soirs elle aperçoit une ombre de la même grandeur que mon frère et parfois elle voit passer comme une lumière blanche qu’elle compare à une étoile filante, cela se passe aussi bien dans le salon que dans sa chambre.
Pas un jours ne passe sans que, soit chez l’une soit chez l’autre, nous n’ayons un petit clin d’oeil de lui.
Je m’étais assoupie sur la terrasse, quand tout d’un coup je me trouve dans un endroit que je pourrais décrire comme les nuages tellement c’était blanc et doux. Nous sommes assis mon frère et moi l’un prés de l’autre. Il n’y a que nous. Je ne me rappelle plus de notre sujet de conversation mais à un moment donné, il me prends dans ses bras et nous restons un bon moment comme cela serrés l’un contre l’autre. Tout à coup je l’entend qui me dit à l’oreille: « Toi aussi n’oublies jamais que je t’aime ».
C’est à ce moment là que je me suis réveillée. Bouleversée, je me suis levée, j’ai bu un verre d’eau puis machinalement j’ai pris mon portable et en le regardant j’ai vu qu’il était connecté et affichait (Gilles portable) je l’ai mis à mon oreille mais le serveur me disait qu’il n’y avait plus d’abonné à ce numéros.
Je dois vous dire que chaque jour, du matin au soir je lui répète « n’oublie jamais que je t’aime ».
Cet été sa femme est venue passer quelques jours chez mes parents, le premier soir alors que ma mère et elle préparaient le lit, elles ont senties une très forte odeur de cigarette comme si quelqu’un fumait à côté d’elles. Personne ne fume chez eux, ma mère a tout de suite compris qu’il était là mais ma belle-soeur a cherché dans tout l’appartement et même jusqu’au balcon d’où cela pouvait provenir mais cela ne se passait qu’autour du lit.
Le lendemain alors qu’elles discutaient toutes les deux autour de la table, ma mère a senti qu’on la poussait dans le dos quand elle s’est retournée, il n’y avait personne. Quand je lui disais que je sentais parfois comme une main soit dans le dos soit sur l’épaule elle était sceptique. Ce jour là, elle a pensé à moi et me l’a relaté et je peux vous dire que grâce à ces manifestations nous vivons mieux son absence qui n’est que physique.
Ma belle-soeur est étrangère et avant qu’elle ne parte je l’ai conduite chez un médecin français. Durant toute la consultation j’ai senti une présence, cela se passait au niveau du bras droit, une sensation de frisson qui me prenait juste le bras rien à voir avec les symptômes d’un infarctus car cette sensation je peux l’avoir aussi bien au bras gauche que dans une jambe. Cela m’arrive souvent et j’en ai pris l’habitude maintenant cela ne ressemble en rien avec ce que je vous décrivais au début de notre correspondance. J’ai fini par comprendre ce qu’étaient les états difficiles et j’en suis sortie, ce que je ressens à présent est beaucoup plus doux, agréable.
Il s’est passé des phénomènes bizarres en 3 ans. Il faut croire que mon frère est toujours avec nous et qu’il veut me le faire savoir.
La veille de ses obsèques, le cendrier dont il se servait s’est cassé en deux. Il n’est pas tombé, il s’est fendu en deux, net, précis. Quelques temps après, c’est la lampe halogène qui s’est éteinte toute seule. Nous avons vérifié l’ampoule, elle était en bon état, il a suffit de tourné le bouton pour la rallumer.
Un soir, alors que nous prenions notre repas, nous avons entendu un bruit, comme un impact au-dessus de la porte de la cuisine, s’en est suivi un éclair qui s’est dirigé sur une des ampoules du lustre. Le choc a été impressionnant, mon fils et mon mari m’ont regardé surpris, l’ampoule n’avait subi aucun dommage. Le lendemain, alors que ma mère me racontait que mon frère aîné s’était montré agressif envers elle et mon père, je n’ai pas fait de rapport avec ce qui s’était passé la veille chez moi, ce n’est que lorsque j’ai su à quel moment cela s’était passé que j’ai compris.
Pour Gilles, notre mère s’était sa Madonne et je pense qu’il devait être très en colère et il me l’a fait savoir. J’ai transmis le message à ma mère car je tiens à ce qu’elle sache qu’il est avec elle et qu’il l’aime.
Quelques jours après le départ de Gilles, alors que tout le monde dormait sauf moi, j’ai entendu des pas dans le couloir qui mène aux chambres. Cela m’a rappelé le bruit des pas de mon frère lorsqu’il avait ses santiagues. Je précise que j’étais bien éveillée et que je les ai bien entendus.
Les jours passaient et mon chagrin ne faisait qu’augmenter. Je passais le plus clair de mon temps dans mon lit et c’est là qu’un après-midi, en me retournant, j’ai vu dans l’encadrement de la porte de ma chambre, ma grand-mère, décédée depuis vingt ans, elle se tenait là et me regardait. Morte à 83 ans, elle paraissait en avoir 40, belle, bien coiffée, mais ce regard, il disait « tu vas continuer encore longtemps comme ça ? ». Là encore j’étais éveillée. Ce regard m’a marqué d’autant qu’avant ce jour je n’avais pas eu le privilège de la voir ne serait-ce que dans mes rêves. Je ne savait pas qu’une telle chose pouvait arriver.
J’ai passé les mois suivant complètement absente de cette vie, lorsque j’étais seule je hurlais le nom de mon frère. Je ne voulais plus vivre. Je ne voulais pas avancer dans le temps. Un matin, je me suis réveillée, affolée, j’avais rêvé de Gilles. Il lui arrivait d’avoir des coups de colère assez impressionnant et c’est ce qui s’était passé. Je ne me rappelle pas ce qu’il m’a dit mais j’ai cru comprendre qu’il ne voulait plus me voir pleurer et que je devais reprendre ma vie et ma famille en main. Si il me voit, si il m’entend, il sait qu’une partie de moi est morte avec lui.
Je voudrais vous relater des faits, des bruits, des sensations.
Quelques jours après le départ (mort) de mon frère, un soir alors que j’étais couchée, j’ai entendu des pas dans le couloir. Mon mari et mon fils dormaient cela n’était donc pas eux. J’ai cru reconnaître le pas de mon frère. Il est arrivé aussi; que ma chambre ou le bureau soit imprégné de l’odeur de cigarette (Gilles fumait beaucoup). Mes parents aussi ont constaté que tous les matins leur salon était imprégné de la même odeur. Aucun des deux ne fume. Cela arrive moins à présent. j’ai aussi fait pas mal de rêves dont un qui m’a marqué.
Mon frère était dépressif et absorbait beaucoup de médicaments, trop à mon goût et je le lui en faisait la remarque. Pour en venir à mon rêve, je me dirigeait vers sa tombe et je le vois, assis dessus, aussitôt je me précipite vers lui en lui disant: Mon Dieu; Gilles que tu es beau « il était très beau et j’ai toujours eu de l’admiration pour lui ». Je lui ai demandé de venir à la maison et qu’il fallait le dire à tout le monde. Nous nous sommes retrouvés dans ma chambre, il était assis sur mon lit et moi devant lui. En arrière fond, j’entendais ma famille, réunie au complet dans le salon.
J’ai donc demandé à Gilles de rester avec nous, que je l’aimais et que j’avais besoin de lui. il m’a dit « si je reste tu me donnes l’enveloppe marron qui est là. Je lui ai tendu l’enveloppe, il m’a demandé de l’ouvrir, elle était pleine d’antidépresseur, je l’ai regardé et là il m’a fait comprendre que si il revenait son mal-être recommencerait.
Dois-je en déduire qu’il est heureux à présent? Gilles a toujours cru qu’il y avait un autre monde meilleur. Ce qui me chagrine à présent, s’est que je sens moins sa présence. J’en arrive à me demander si je n’ai pas fait quelque chose qui lui aurait déplue. Pas dans le passé mais dans le présent car je sais qu’il vit, ailleurs mais il vit, c’est avec cet espoir que j’arrive à continuer.
[Christ R. – le 21-10-02]
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